Séance du 10 decembre 2016

Compte-rendu du café lit-thé-raire du 10 décembre 2016

 

Cette session s’est déroulée chez Claire et Alexandre. Nous avons, entre autres, parlé de Franck Thilliez, Jussi Adler-Olsen et Peter May.

Série de Harry Hole de Jo Nesbø : L’homme chauve-souris, Les Cafards, Rouge-Gorge, Rue sans -souci, L’étoile du diable, Le sauveur, le Bonhomme de neige, Le Léopard, Fantôme, Police.

 

C’est une série palpitante pour plusieurs raisons :

            Elle peut se lire dans le désordre. Il y a une enquête fil rouge (une affaire de corruption au sein de la police) dans chaque volume, mais ce n’est pas ce qui prédomine.

            Harry Hole est un enquêteur calamiteux : alcoolique, gaffeur, maladroit, ultra sensible (il a perdu lors d’une enquête, sa collègue ; de temps en temps, il part se mettre au vert (on le met au vert) dans différents pays : l’Australie pour L’homme chauve-souris,  ou Hong-Kong pour Les Cafards). Il peut même se trouver mêler aux crimes malgré lui. Il n’a pas sa langue dans sa poche. Même quand il lui arrive quelque chose de bien, il le gâche.

            Chaque chapitre des volumes de la série porte un titre, ce dernier est fait de quelques mots du chapitre : sujet de conversation, objet manipulé, indices… On a donc affaire à une triple enquête : retrouver le coupable, retrouver les mots qui constituent le titre du chapitre dans le chapitre lui même ; enquêter sur l’enquête fil rouge.

            Jo Nesbø est un bel homme, mais sa beauté est aussi intérieure. Dans un entretien donné sur le plateau de La Grande Librairie, il avoue modestement que ce succès s’est fait malgré lui car il voulait, initialement, juste raconter des histoires. Il a créé une fondation contre l’illettrisme avec une partie de ses droits d’auteur. Entretien à retrouver en cliquant sur ce lien : http://www.france5.fr/emissions/la-grande-librairie/diffusions/31-03-2016_469362

Claire

Peter May, L’île des chasseurs d’oiseaux. Actes sud. (Babel)

L’île des chasseurs d’oiseaux est le premier tome de la « Trilogie de Lewis ».

Dans ce livre, nous rencontrons Fin Mcleod, policier originaire des Hébrides, îles à l’ouest de l’Ecosse ; il a perdu son fils dans un accident de voiture, son couple tombe à l’eau et il a été mis sur la touche : il rentre au bercail. Sur son île, on retrouve un cadavre mutilé, or ce crime ressemble à un autre. Fin, dès lors, s’interroge sur le lien entre ces deux affaires. Cette île est celle de son enfance où il n’est jamais retourné le passé se mêlera donc à l’enquête. La construction se fait par alternance : un chapitre pour l’enquête, un chapitre pour le passé ; et l’on remonte à rebours dans le passé jusqu’au dévoilement d’un secret inattendu. On y lit la vie des habitants, leurs habitudes (parfois archaïques, en tout cas ancestrales). Il y a des rebondissements jusqu’à la fin, on ne s’ennuie pas.

Il existe, en outre, un livre de photos L’Ecosse de Peter May, dont il a écrit les textes.

Laure

Joseph Connolly, Vacances anglaises. L’Olivier

Le roman léger, joyeux et amusant a été adapté au cinéma par Michel Blanc sous le titre Embrassez qui vous voudrez. Ce sont des Londoniens qui partent en vacances sur la côte sud : d’un côté Brian (agent immobilier), sa femme Dotty et leur fille de 18 ans ; de l’autre Howard (travaillant dans la moquette alors que tout le monde se met au parquet !) et Elizabeth, sa femme, qui ont perdu un bébé. Brian est ruiné, mais sa femme veut faire comme avant : avoir les mêmes vacances (luxueuses) que sa voisine. Dès lors, les vacances proposées par Brian vont avoir l’air un peu cheap ! Les scènes sont cocasses : la fille du patron couche avec un des employés de son père, Brian tente de se suicider et provoque un quiproquo avec sa lettre d’adieu (tout le monde croit qu’il voulait devenir sourd !). Les personnages sont fourbes. Il s’agit d’une comédie de mœurs. Un bon moment de lecture.

Christelle

Pierre Lemaître, Au revoir là-haut. Livre de poche.

 

Le titre de ce Prix Goncourt est tiré d’une lettre poilu. C’est un réquisitoire contre la guerre. Les descriptions des scènes de guerre sont particulièrement frappantes ; Pierre Lemaître est capable de nous faire sentir la puanteur des cadavres. Ce livre raconte l’association de deux personnages que tout oppose : Édouard Péricourt (fils de la haute bourgeoisie, dessinateur fantasque, homosexuel, rejeté par son père) et Albert Maillard (modeste comptable). Ce qui les rassemble c’est d’avoir été envoyé au casse-pipe par un officier opportuniste. L’un des deux est une gueule cassée et portera un masque. Ce livre narre le trafic développé autour des corps des soldats morts au champ d’honneur. Les familles,  en demande du corps d’un des leurs, recevait un cercueil trop petit (le corps avait été mutilé pour pouvoir rentrer dedans) ou avec le corps d’un homme qui leur était étranger. Les deux amis vont avoir recours à la débrouille et à l’escroquerie pour survivre.

Annie

William Boyd, Les Vies multiples d’Armory Clay. Seuil

Il s’agit d’une biographie fictive d’une photographe, mais qui est inspirée de plusieurs photographes dont Lee Miller. On a l’impression d’une vraie biographie car des photos, qu’elle aurait pu prendre, parsèment le livre ; ces photos appartiennent à la collection privée de William Boyd. On la suit depuis sa naissance, jusqu’à sa mort. Elle traverse les conflits : elle est à Berlin dans les années 30 où elle fréquente les milieux interlopes, puis à Londres où elle couvre la montée du fascisme ; elle photographie la Seconde Guerre Mondiale, la guerre du Vietnam. On lit une vie de photographe, mais aussi une vie de femme amoureuse.

Sandrine 

Samuel Benchetrit, La nuit avec ma femme. Plon, Julliard

Dans ce livre, Samuel Benchetrit relate la période d’avant et après la mort de Marie Trintignant, avec qui il avait un enfant. Ce récit se mêle de discours et de poésie. Il raconte également sa relation avec Jean-Louis Trintignant.

Agnès

Marie Darrieusseq, Etre ici est une splendeur. POL

Ce livre retrace la vie de Paula Modersohn-Becker, peintre allemande, amie de Rilke, morte en 1907. Cette femme artiste vivait dans un pays où les femmes artistes n’étaient pas reconnues. Elle a peint des nus, parfois en rapport avec la maternité. Elle a épousé un homme qui lui a permis de peindre et est morte juste après la naissance de sa fille. Ses derniers mots ont été : « Dommage ».

Ce livre est à mettre en rapport avec Charlotte de David Foenkinos.

Claire

Négar Djavadi ,Désorientales. Liana Lévi

Le roman commence dans la salle d’attente d’un hôpital en France : Kimia veut des enfants et elle attend une FIV. Lors de son attente, elle se souvient de l’histoire de sa famille qui a lutté contre les différents régimes en Iran (Shah, république islamique) et qui a fuit en France. Ce livre, plein d’humour, est inspiré partiellement de la vie de son auteur ; il retrace l’histoire de l’Iran et fait penser à Persépolis de M. Satrapi. Kimia jette son regard sur les personnages arrivant en France : le père, opposant et intellectuel en Iran a tout perdu ; elle même a eu sa période punk. Evoluant dans un milieu intellectuel, Kimia montre des discussions intenses.

Elle a une relation privilégiée avec sa grand-mère.

Ce livre rappelle Les portes du Néant de Samar Yazbek et Nolan Song (film documentaire exposant le combat de femmes pour organiser un concert, puisque les femmes sont interdites de solo).

Isabelle

Megan Kruse, De beaux jours à venir. Denoël

Amy est mariée à Gary, qui la bat. Ils ont deux enfants Jackson (18 ans) et Lydia (13 ans). May fuit une première fois avec ses deux enfants. Elle trouve refuge dans un motel. Le fils contacte le père qui récupère tout le monde. Une seconde fois, Amy part, mais uniquement avec sa fille. D’où la question de l’abandon du fils. A partir de là, l’histoire du père n’est plus évoquée. Le roman se construit sur une alternance : un chapitre pour la fille dans lequel elle dit je, un chapitre pour la mère et un chapitre pour le fils, qui est homosexuel et se prostitue. D’où une alternance de point de vue et de versions d’un même épisode.  Parfois, on lit des flash-back où sont évoqués la vie d’avant, la rencontre d’Amy et Gary. Ce roman décrit une Amérique rurale, pauvre où la vie n’est pas joyeuse. Et ce n’est pas un polar ! Le thème central n’est pas la violence, c’est le point de départ. Toutefois, il y a toujours une lueur d’espoir, on souhaite voir arriver quelque chose de beau dans la vie de ces personnages.

Cela ne ressemble pas à David Vann, rien de catastrophique. Il coïncide davantage avec Cent Ans de H. Wassmo.

Sophie 

Philippe Besson, L’arrière – saison. 10/18

Philippe Besson raconte l’histoire des personnages du tableau de Hopper Night Oaks.

Louise attend dans un café à Cape Code son amoureux Norman (Louise est une briseuse de ménage) qui doit la rejoindre. Or arrive son ex, Mickael. Il l’a quittée il y a cinq ans après l’avoir trompée avec sa confidente. Mickael a divorcé d’avec la femme pour laquelle il a quittée Louise. Ben, le serveur, a débuté dans ce café le jour de l’arrivée de Louise à Cape Code, c’est un témoin discret, dont on a peu de pensée. Le livre n’est qu’une série d’interrogations : pourquoi Mickael est-il revenu ? Qu’en est-il du coup de fil de Norman ? Quand Norman reviendra-t-il ? Et la rencontre entre Norman et Mickael ? Quand Ben intervient-il ? Avec quel impact ?

Pascale 

Benoîte et Flora Groult, Journal à quatre mains. Livre de poche

 

Ces deux soeurs faisaient partie d’un milieu bourgeois, à l’éducation libérale : le père était dessinateur de meubles, la mère avait une maison de couture. Ce journal retrace, avec légèreté et humour, leur vie, notamment sentimentale, durant l’Occupation. Elles ont été guides pour les GI à la Libération : elles leur faisaient visiter la capitale, ils les emmenaient au restaurant contre un flirt ! Benoite faisait partie des premières féministes, elle a milité  pour l’avortement, contre l’excision et pour la féminisation des noms de métiers.

Annie