Séance du 10 juin 2017
Café lit-thé-raire du 10 juin 2017 à Saint-Rémy-en-l’eau
Christine, Sophie, Pascale, Stéphanie, Sandrine, Isabelle, Annie et Christelle vous présentent leurs derniers coups de cœur de lecture. Les propos rapportés sont des avis personnels, qui n'engagent que leurs auteurs.
America, n°1. Rédacteurs en chef : François Busnel et Eric Fottorino.
Le concept de cette revue : publier un magazine sur les Etats-Unis et la littérature américaine pendant les quatre ans du mandat de Donald Trump. C’est une revue dense (environ 200 p.) qui propose des articles qui mettent toujours en perspective la société américaine contemporaine et l’élection de Trump. Dans ce premier numéro, on trouve un article sur le Midwest et la perte des industries, une interview de Toni Morrisson, une lettre bilingue de l’écrivain Colum Mc Cann qui invite les gens à se soulever contre Trump, le premier chapitre du dernier roman de J. Mc Inerney ainsi qu’une interview de Barack Obama. Une belle réussite.
Pascale
Mudwoman. Joyce Carol Oates. Points
M. R. Neukirchen est une femme, présidente d’université, brillante mais psychorigide. Elle a un passé terrible : sa mère a voulu la noyer avec sa sœur dans les marais de l’Adirondacks. Sa sœur, elle, a succombé. Meredith a été retrouvée dans la boue (d’où son surnom de Mudgirl, puis Mudwoman) puis elle a été adoptée par un couple de quakers. Mais elle a manqué d’amour car ils ne se sont jamais remis de la mort de leur petite fille. Un jour, alors que Meredith se rend à une conférence, elle retourne dans la région de son enfance. Commence alors une longue descente aux enfers tant du point de vue amoureux que professionnel. Les chapitres alternent entre l’histoire de Mudgirl et celle de Mudwoman. J. C. Oates fait une fine analyse psychologique de son personnage. C’est un roman riche et remarquable qui décrit très bien l’Amérique de Bush.
Annie
Sur le départ. Magnus Mills. 10/18
L’auteur est un ancien chauffeur de bus qui a remporté un vif succès en Grande-Bretagne pour son premier roman intitulé Retenir les bêtes.
C’est un petit roman qui met de bonne humeur. Le héros, plutôt anti-héros, part en Inde à moto. Il décide de camper dans un bled paumé au bord d’un lac. Il va avoir affaire aux habitants très singuliers de ce village mais surtout à l’étrange propriétaire du camping qui va le réquisitionner pour faire des tâches assez farfelues. Comme notre narrateur est très aimable et sympathique, il accepte à chaque fois les travaux les plus absurdes et retarde son voyage pour l’Inde. Le point fort de ce roman est l’humour anglais qui est un humour absurde et singulier, parfois noir. On se sent parfois stressé et oppressé par les relations entre les personnages. Mais ce roman offre aussi une réflexion intéressante sur les rapports humains.
Sandrine
Le grand projet de Domenico Maccari dit le copiste, peintre sans talent. Gaia Guasti. Thierry Magnier
Le village de Santa Mutine est un village très venteux : il faut attacher les enfants de moins de 35kg sinon ils s’envolent. C’est ce qui arrive à Sofia, une jeune fille, qui est rattrapé par l’habitant du château voisin, Antonio, un étudiant triste. Gaia Guasti raconte l’histoire de chacun et crée une galerie de personnages absurdes et étranges, de différentes époques. Le lecteur fait le lien ensuite entre les personnages et apprend pourquoi la tramontane souffle et emporte tout sur son passage.
Sophie
Et je danse aussi. Anne-Laure Bondoux, Jean-Claude Mourlevat. Pocket
C’est un roman épistolaire (échange de méls) entre Pierre-Marie, un écrivain à succès qui a obtenu le Prix Goncourt, et Adeline, une jeune femme qui lui a envoyé par la poste un manuscrit. Pierre-Marie refuse ; Adeline insiste. Les relations sont courtoises mais froides. Peu à peu, leur relation va devenir plus chaleureuse jusqu’à devenir intime. C’est une réflexion sur la réalité et le mensonge, sur le bonheur et la vie de couple. Il y a du suspense et on a envie de savoir ce qu’il y a dans cette enveloppe.
Christine
Carnets noirs. Stephen King. Albin Michel
Un écrivain se fait cambrioler. Il se fait voler de l’argent et des carnets noirs en Moleskine. Les voleurs le tuent et sont arrêtés. Vingt ans plus tard, les voleurs sont toujours en prison. Un adolescent trouve un coffre enterré qui contient l’argent et les carnets. Le père de cet adolescent est une victime de M. Mercedes (le précédent roman de Stephen King) et il a besoin d’argent. Mais les cambrioleurs sortent de prison et vont tenter de retrouver leur butin. Un roman facile à lire, simple mais bien construit.
Stéphanie
Règne animal. Jean-Baptiste Del Amo. Gallimard
Ce roman retrace l’histoire d’une famille paysanne qui met en place un élevage porcin du début du XXème siècle aux années 80. Tout au long du roman, il y a un parallèle entre l’homme et le cochon et l’on ne sait pas parfois si l’on parle de l’un ou de l’autre. Ce roman nous ramène à notre bestialité et évoque les odeurs de la porcherie, la mort, la souffrance animale. C’est une ambiance assez glauque. L’auteur évoque aussi le regard de l’enfant sur l’animal, ce qui est plus classique. Un livre qui bouscule. Prix du livre Inter.
Isabelle
Terminus Belz. Emmanuel Grand. Points policier
Marko, après avoir fui l’Ukraine avec trois autres personnes dont il a dû se séparer, échoue à Lorient. Contre toute attente, il décroche un emploi de marin pêcheur sur une île bretonne, l’île d’Enez Ar Droc’h (aussi appelée l’île des fous), lui qui n’a jamais mis le pied sur un bateau. Il cache sa véritable identité et se fait passer pour un marin grec. Son arrivée sur l’île est mal vue par les pêcheurs locaux qui préfèreraient garder leur travail pour eux. Aussi quand Pierrick Jugand, un pêcheur, est retrouvé mort, Marko devient le coupable idéal. Marko est coincé car il doit faire face à la fois à ces accusations de meurtre mais il doit également échapper à des membres de la mafia roumaine qui sont à ses trousses. Un premier roman policier très réussi et très bien écrit, avec une pointe d’humour bien distillée.
Christelle