Séance du 11 avril 2015
Café lit-thé-raire du 11 avril 2015 à St Rémy-en-l’eau
Claire Lempereur, Christelle Poulain, Aurélie Deniaud, Pascale Albert, Sophie Loubet, Laure Bochent, Christine des Essarts, Sandrine Devos et Mathéo Loubet vous présentent leurs derniers coups de cœur de lecture.
Les propos rapportés sont des avis personnels, qui n'engagent que leurs auteurs.
Plein soleil. Antoine Guilloppé. Gauthier Languereau.
Un magnifique album en noir et blanc qui raconte une histoire d’amour au milieu des animaux dans la savane. L’auteur découpe des formes d’animaux, à l’aide d’une machine équipée d’un laser, un peu comme des pochoirs. C’est un très beau travail, tout en finesse, mais très fragile. Un livre à manipuler avec précaution.
Mathéo
Yeruldelgger. Ian Manook. Albin Michel.
Mongolie. Le héros éponyme est un inspecteur dont la fille de cinq ans a été assassinée. Il est détesté par sa fille aînée qui traîne avec des néonazis. Une petite fille de cinq ans est découverte enterrée avec son vélo. Trois autres cadavres sont découverts dans un entrepôt : des chinois au corps mutilé. Yeruldelgger mène l’enquête. On découvre la Mongolie : son histoire, ses paysages, ses traditions, ses coutumes. L’ambiance exotique est bien rendue. On apprend, par exemple, que les Mongols ne connaissent pas la Shoah. On pourrait en être étonné mais est-ce que les européens connaissent l’histoire des Mongols ? Il y a des scènes assez violentes, avec des personnages méchants. Le héros lui-même est une grande gueule et est violent. C’est une personne qui en impose. Il y a également aussi beaucoup de seconds rôles très touchants.
Ce roman a reçu plusieurs prix : Quai du polar, SNCF, Elle.
Ian Manook a écrit un deuxième roman, avec le même enquêteur, intitulé Les temps sauvages.
Sophie
Gavelston. Nic Pizzolatto. 10/18.
L’auteur est le scénariste de la série True detective. C’est un polar assez classique en forme de road trip. Le héros a une quarantaine d’années et est atteint d’un cancer du poumon. Sa petite amie est partie avec son patron. Quand il se rend chez un recouvreur de dettes, il tombe dans un guet-apens et s’en sort en tuant tout le monde. Il découvre une prostituée attachée qu’il délivre. Ils partent ensemble à la recherche de la petite sœur de la prostituée. Ils traversent la Louisiane, le Texas et arrive à la station balnéaire de Gavelston. C’est très émouvant et très bien raconté. Les personnages sont très attachants.
Sandrine
La lettre à Helga. Bergsveinn Birgisson. Points.
Un roman très court mais très beau : la lettre d’amour d’un berger à l’amour de sa vie.
Laure
Les nuits de Reykjavik. Arnaldur Indridason. Métailié.
Ce roman revient sur les débuts d’Erlendur (le héros récurrent d’Indridason) dans la police. Pour lui, c’est un petit boulot d’étudiant et il patrouille la nuit. Il s’intéresse à un SDF, Hannibal, retrouvé noyé dans vingt centimètres d’eau dans une tourbière. L’affaire a été vite classée et Erlendur ne croit pas à ces conclusions. Il mène son enquête. Il remonte à la jeunesse du SDF qui fait écho à la sienne. C’est une réflexion sur le temps et sur la mort. C’est une quête nostalgique du passé.
Laure
Le Turquetto. Metin Arditi. Actes sud (Babel).
Dans le préambule, l’auteur explique qu’une anomalie a été découverte dans la signature d’un tableau du Turquetto intitulé L’homme aux gants et dont on voit un détail en couverture. La lettre T est dans une couleur alors que le reste du nom est dans une autre couleur. De plus, l’écriture ne semble pas être la même. Le Turquetto était un peintre turc de renommée, ancien disciple de Titien, vivant à Venise. Mais comme il était né de parents juifs en terre musulmane, il n’avait pas le droit de peindre. Il s’est donc fait passé pour un turc chrétien afin de pouvoir vivre de son art. Seulement de nos jours, quasiment tous ses tableaux ont été détruits. Ce tableau-là est-il bien l’œuvre du Turquetto ? Une enquête passionnante commence qui nous mène à Constantinople et Venise dans les années 1530. Un livre très bien écrit, qui a reçu le prix Page des libraires.
Aurélie
Bohemian Flats. Mary Relindes Ellis. Belfond.
Nous découvrons deux frères et une soeur qui vivent en Allemagne au XIXème siècle. Le père, agriculteur et brasseur, est un personnage violent et alcoolique. La mère, très religieuse, est tout l’inverse. Les deux fils vont la journée au lycée et le soir chez un maître de conférences en ville qui a deux filles. La fille, elle, devient nonne. L’attitude de son père pousse le cadet à partir. Il cambriole une maison et s’achète un billet pour les Etats-Unis. On découvre avec lui la ville de Minneapolis, ses bidonvilles et son ghetto qui regroupe des juifs d’Europe de l’est. Il y vit plusieurs années. Puis il demande à son frère resté en Allemagne de le rejoindre. Il a acheté une terre aux Etats-Unis pour s’y installer et y prospérer : il est devenu une sorte de gentleman farmer.
Claire
Nos disparus. Tim Gautreaux. Seuil.
Sam Simonneau a vingt ans et est cajun de Louisiane. On le surnomme Lucky. Il parle français mais a honte de ses origines. Le roman débute le 11 novembre 1918. Il débarque à Dunkerque pour combattre mais l’armistice vient d’être signé. On l’occupe pendant deux ou trois mois au déminage du territoire franco-belge puis il rentre aux Etats-Unis. C’est la période de la prohibition. Il devient surveillant dans un grand magasin. Un jour, une petite fille, Lily, disparaît dans le magasin. Ses parents l’interpellent ; ils l’a cherchent. Visiblement, elle a été kidnappée. Sam est mis au repos forcé car on lui reproche d’avoir mal fait son travail. Il décide alors de mener son enquête pour retrouver Lily et son travail. On comprend quelle est sa vie à mesure que se déroule l’enquête et on comprend que son surnom est ironique. En toile de fond, on découvre le Mississipi, le début de la musique noire américaine, les Etats-Unis des années 30.
Pascale
Les revenants. Laura Kaschichke. Livre de poche.
Le roman s’ouvre sur une scène d’accident. Une voiture a quitté la route et une jeune fille est allongée dans l’herbe. La scène est d’une beauté irréelle et très photographique. Cela fait penser à Twin peaks de David Lynch. Une femme, témoin de l’accident, se trouve sur les lieux. L’accident est ensuite relaté dans les journaux mais ce qui y est dit n’a rien à voir avec ce qu’elle a vu. Sur un campus, plusieurs protagonistes essayent de comprendre ce qu’il s’est vraiment passé, et de découvrir pourquoi certains étudiants se disent « hantés » par le fantôme de la jeune fille morte. Parallèlement à cette enquête informelle, l’auteur introduit des flash-backs où l’on découvre qui était le jeune homme qui conduisait la voiture, comment il avait rencontré son amie, et tous les évènements qui ont précédé leur accident de voiture. La mort et ses représentations sont très présentes dans ce roman. L. Kaschichke critique la société des apparences et le rôle qu’endosse chacun. Il y a des questions qui restent sans réponses.
Aurélie
Une faiblesse de Carlotta Delmont. Fanny Chiarello. Points.
Carlotta Delmont est une cantatrice américaine réputée. En tournée en France, elle est accompagnée de son compagnon qui est également son imprésario. Elle chante à Paris et rencontre un véritable triomphe. Le lendemain de la représentation, elle disparaît. On découvre le Paris et les Etats-Unis des années vingt et le monde des cantatrices et leurs petites mesquineries. La suite du récit mêle différents types d’écrits : les relevés de notes écrites par Carlotta à Ida, sa dame de compagnie, les lettres qu’elle a écrites à son compagnon, les articles de presse sur sa disparition, les lettres d’amour qu’elle a reçues d’un autre homme. On découvre une femme fragilisée par son métier, qui a du mal à distinguer le vrai du faux et pour qui la célébrité est un problème. Le roman s’achève par le journal de Carlotta.
Christine
Et que le vaste monde poursuive sa course folle. Colum McCann. 10/18.
1974, une journée d’août à New York. Un français traverse sur un fil d’une twin tower à l’autre. On suit des personnes qui assistent à cet évènement : un prêtre irlandais qui s’occupe de prostituées, une femme et sa fille, les prostituées, des femmes aisées dont les fils sont morts au Vietnam, … C’est un roman sombre mais lumineux.
Sandrine
Un bonheur parfait. James Salter. Points.
Un des auteurs préférés de François Busnel. Un très beau roman sur un couple américain assez aisé, qui vit dans une belle demeure sur les bords de l’Hudson. Ils ont deux petites filles et semblent vivre une vie parfaite. Ils ont des amis qu’ils reçoivent régulièrement, leurs petites filles sont ravissantes, ils ont un niveau de vie très satisfaisant et éprouvent un profond amour l’un pour l’autre. Mais, car il y a un mais, ils n’ont pas de désir sexuel l’un pour l’autre et chacun a un amant. Mais cela n’est pas source de conflit entre eux. On ne sait pas s’ils sont au courant l’un pour l’autre car ils font tout pour que leur vie parfaite continue, comme coule inlassablement les eaux du fleuve… J. Salter interroge le lecteur sur la notion de bonheur. Qu’est-ce que le bonheur ? Avons-nous conscience d’être heureux ou ne le comprenons-nous que quand il s’est envolé ? Une très belle écriture, très nébuleuse et très elliptique.
Christelle
Quai des enfers. Ingrid Astier. Folio policier.
C’est un premier roman policier qui comporte quelques maladresses d’écrivain débutant mais dont le personnage principal est attachant. Des meurtres sordides sont perpétrés à Paris et les corps sont retrouvés dans la Seine. C’est la brigade fluviale qui les découvrent mais c’est le fameux 36 quai des orfèvres qui mène l’enquête. La Seine est un personnage à part entière dans cette histoire. Le roman est bien écrit dans l’ensemble, sauf les trente premières pages dans lesquelles il y a trop de détails sur les personnages secondaires, inutiles pour la suite du récit. A noter que l’auteur a fait des stages à la brigade fluviale de Paris pour bien connaître son fonctionnement.
Aurélie
Nous vous recommandons également :
La Somme des écrivains. Ed. Alexandrines. (Existe pour tous les départements.)
En un monde parfait. Laura Kaschichke. Livre de poche. (Ambiance science-fiction et fantastique)
Le chardonneret. Donna Tart. Pocket.
Nous vous déconseillons et vous évitons de perdre du temps avec :
Tromper la mort. Maryse Rivière. Fayard. (Prix quai des orfèvres)