Séance du 26 septembre 2015
Café lit-thé-raire du 26 septembre 2015 à Clermont
Claire Lempereur, Christelle Poulain, Pascale Albert, Sophie Loubet, Laure Bochent, Sandrine Devos, Stéphanie Portemer, Isabelle De Clercq, Murielle Moret et Françoise Vaconsin vous présentent leurs derniers coups de cœur de lecture.
Les propos rapportés sont des avis personnels, qui n'engagent que leurs auteurs.
*******************
Nous avons toutes lu pendant l’été Un vent de cendres de Sandrine Collette et De chair et de sang de Michael Cunningham. Voici les avis sur ces deux romans.
Un vent de cendres. Sandrine Collette. J’ai lu.
Le roman s’ouvre sur une scène-choc. Un couple, Andreas et Laure, et Octave, un de leurs amis rentrent d’un mariage et ont un accident de voiture. Laure ne survit pas. Dix ans plus tard, Malo et Camille, frère et sœur, vont faire les vendanges en Champagne. Ils sont accueillis par un certain Lubin, qui gère le domaine pour le compte des propriétaires, Octave et Andreas. L’un se terre dans la maison et ne se montre jamais, l’autre porte une énorme cicatrice sur le visage. Camille et Malo vont vivre une semaine très étrange.
Les avis sur ce thriller sont partagés. Certaines ont trouvé qu’il y avait du suspense et que l’intrigue était bien menée, d’autres ont trouvé que le roman n’était pas original, que c’était du déjà lu, déjà écrit, qu’il n’y avait pas assez de rythme, ni d’action. On a même parlé de « roman de gare ». Certaines n’ont pas aimé la psychologie des personnages et le personnage de Camille.
La scène finale nous a semblé très cinématographique.
Nous avons beaucoup débattu de la fin du livre : certaines en ont été surprises, d’autres l’avaient devinée. Il y a eu un désaccord sur l’identité du survivant, pour lequel nous n’avons pas trouvé de réponse satisfaisante. A vous de vous faire votre propre idée en lisant ce roman !
Sandrine Collette a également écrit Des nœuds d’acier, son premier roman. Là aussi les avis sont partagés.
De chair et de sang. Michael Cunningham. 10/18
Il s’agit d’une réédition du premier roman de l’auteur.
Ce roman, assez épais, retrace l’histoire d’une famille d’immigrés grecs venus s’installer aux Etats-Unis, terre de tous les espoirs. Le père, Constantin, est venu pour réussir sa vie. Il épouse Mary avec qui il a trois enfants (deux filles et un fils), il achète une belle maison et monte son entreprise de construction de pavillons. Mais ce bonheur, en apparence, va se craqueler au fil du temps, car rien ne va se passer comme Constantin l’avait envisagé. C’est un roman fleuve que l’on dévore. On suit le destin des différents membres de la famille. Les descriptions psychologiques sont très fouillées. M. Cunningham fait également une vive critique du rêve américain et de la société de consommation.
Certaines ont trouvé que le schéma familial était compliqué et que l’histoire était trop tirée par les cheveux.
Nous avons également débattu du rôle du père qui a parfois des réactions et des attitudes insupportables. On peut comprendre ce personnage mais pas l’excuser.
On a comparé le roman à une tragédie grecque : on sent dès le début que les personnages ne vont pas s’en sortir.
La relation de Susan (la fille aînée) avec son père est très ambigüe. Elle subit son père quand elle est jeune et elle le défie le jour où elle l’embrasse sur la bouche, révélant ainsi leur relation incestueuse. Plus tard, après son divorce, elle se remarie avec un homme beaucoup plus âgé, qui fait penser à son père.
A vous de jouer, et de vous faire votre propre avis.
|
|
Du même auteur, nous vous recommandons également Les Heures (un roman inspiré de l’œuvre de Virginia Woolf) et Crépuscule.
*******************
Nos coups de cœur
Les insurrections singulières. Jeanne Benameur. Actes sud
Le personnage principal, Antoine, a une quarantaine d’années. Alors que ses parents, ouvriers, voulaient pour leurs fils une meilleure vie que la leur, Antoine a échoué dans ses études et a été embauché dans une usine de métallurgie. Antoine n’est jamais satisfait et toujours bouillonnant. Alors que sa copine l’a largué, il retourne chez ses parents. La colère va l’aider à se reconstruire. Il est un peu comme le Petit Poucet ; les cailloux sont les rencontres qui l’aident à avancer. Quand son usine ferme, il part pour le Brésil. Il veut s’investir dans sa vie, être acteur. Il ne veut plus être un imposteur.
C’est un texte très poétique où il y a tout un travail sur les sons et sur les anaphores. Le premier et le dernier chapitres enferment le récit dans une même scène. C’est très bien écrit et poignant.
Jeanne Benameur a animé un groupe de paroles d’ouvriers à Montataire ainsi qu’à l’usine Godin de Guise lors de la fermeture de ces usines. Elle a recueilli des témoignages pour écrire ce roman.
Claire
Montée aux enfers. Percival Everett. Actes noir
Aux Etats-Unis, dans le comté du Nouveau Mexique, nous suivons un shérif-adjoint noir passionné de pêche à la mouche. Il va mener trois enquêtes les unes après les autres et pour lesquelles il va s’avérer un piètre enquêteur. Il enquête d’abord sur le meurtre d’une femme blanche, puis sur la vieille tante d’une jeune femme irlandaise, qu’il retrouve morte, et enfin sur la mort d’un garde-forestier. On croit que c’est un mauvais shérif et on attend le point de rencontre entre ces trois enquêtes. Et il arrive. Mais la fin est très frustrante car l’auteur nous fait attendre quelque chose tout au long du récit mais il nous propose autre chose.
Pascale
Le sourire étrusque. José Luis Sempedro. Métailié
Un vieux paysan calabrais va en convalescence à Milan, chez son fils. Il est atteint d’une maladie incurable et n’est pas très content de devoir supporter sa belle-fille, une universitaire qui a beaucoup d’a priori sur la vie à la campagne. C’est un ancien maquisard, qui se bat contre la maladie car il veut aller se venger d’un vieux fasciste resté dans son village. Mais il va s’adoucir au contact de son petit-fils.
Ce livre porte un regard intéressant sur la vieillesse. Au fil du récit, on se met à apprécier le personnage principal, alors qu’au départ, il n’est pas agréable.
Isabelle
La vérité sur l’affaire Harry Québert. Joël Dicker. Livre de poche
Un auteur en mal d’inspiration retourne voir son mentor, qui est accusé d’avoir tué la jeune femme avec qui il avait une aventure. Il enquête sur l’affaire, reconstitue le puzzle, retrouve chaque protagoniste.
Un roman bien ficelé et des rebondissements jusqu’au bout du livre.
Stéphanie
Délivrance. James Dickey. Gallmeister
Quatre copains citadins partent en week-end, avec canoës et tentes. Tout va bien au début puis cela tourne à la tragédie car ils rencontrent des gens mal intentionnés. A mesure que la nature devient violente, les hommes voient ressurgir leurs instincts bestiaux.
Ce roman a été écrit dans les années 70 et a été adapté au cinéma par John Boorman. Il fait penser à l’univers du romancier David Vann, également édité chez Gallmeister.
Sandrine
Les pays. Marie-Hélène Lafon. Folio
Une jeune fille originaire d’Auvergne, fille d’agriculteur, vient s’installer à Paris pour travailler en tant que professeur de lettres classiques. Elle découvre le monde de la ville et se trouve dans une sorte de transition : comment devenir citadin quand on est rural ? Comment conjuguer ces deux mondes ? C’est aussi pour elle un changement de classe sociale.
Un roman très bien écrit, avec de longues phrases, à la fois moderne dans ce qu’il raconte et classique dans son écriture. Nous vous recommandons également Joseph, du même auteur.
Ce roman fait penser à La place d’Annie Ernaux.
Laure
|
|
Mort-en-direct.com. John Katzenbach. Presses de la cité.
Jennifer Riggins, 16 ans, rebelle, passe le pas de la porte silencieusement, elle part…Elle n’en peut plus de vivre sous le toit parental. A peine dans la rue, elle est rejointe par une camionnette. A bord, un couple lui demande un renseignement. Et soudain sa vie bascule : elle est enlevée. Un homme est là, un peu plus loin, dans l’ombre, Adrian, un professeur de psychologie. Il est atteint d’une maladie dégénérative du cerveau, provoquant entre autres des hallucinations et des pertes de mémoire. Il assiste au départ du véhicule et ramasse une casquette rose. Que faire ? Est-ce un enlèvement ? Son instinct lui dit qu’il faut agir vite. Commence alors une course contre la montre envers les kidnappeurs et la maladie.
Envie d’un roman intense, où l’émotion est reine, ceci dans un rythme soutenu et avec un suspense inquiétant, allant même jusqu’à l’insoupçonnable et l’intolérable, c’est le roman qu’il vous faut ! Âmes sensibles s’abstenir !
Françoise
La voix de la meute. Gaïa Guasti. Thierry Magnier
Trois amis d’enfance, Mila (lycéenne), Tristan (en apprentissage) et Ludo (vivote avec son père alcoolique) se retrouvent tous les ans dans la forêt pour fêter l’anniversaire de Mila. Ils se font attaquer par une meute de chiens sauvages. Après cet évènement, ils éprouvent un sentiment étrange à chaque fois qu’ils ont peur ou qu’ils sont heureux ou contrariés... Ils se transforment mais ne comprennent pas cette transformation. Ce n’est pas une simple histoire de loups-garous ; c’est beaucoup plus subtil que ça. On se demande s’ils se transforment vraiment ou si ce ne sont pas que des changements psychologiques, propres à l’adolescence.
Certains passages sont très difficiles : la mère qui travaille dans un hôpital psychiatrique, le père alcoolique qui entretient des relations difficiles avec son fils…
Ce roman fait partie d’une trilogie.
Sophie