Séance du 11 nov 2013
Café lit-thé-raire exceptionnel
11 novembre 2013
à l'occasion de la manifestation AUTOUR du LIVRE
organisée par l'Amicale laïque de Ravenel (60)
Cette manifestation a pour but d'échanger et de vendre des livres d'occasion au profit de l'Amicale laïque mais aussi de promouvoir le livre et son univers. Ainsi, avec nous, il y avait une conteuse, Evelyne Denis.
Merci à la présidente de l'Amicale laïque, Isabelle Lacombe, et à tous les acteurs de cette manifestation : parents d'élèves, enseignants, élus... Continuez à dynamiser le village !!
Une pensée à ma filleule d'amour qui ne peut jamais être présente à la salle des fêtes de Ravenel ! Fabrice
Les participants du café li-thé-raire
Nos Guerres, bande dessinée de Laurent Bourlaud, éd. Cambourakis.
D'abord un petit clin d'oeil à Laurent Bourlaud, également batteur du groupe de rock « Grünt-Grünt » ; que leur succès soit grand !
Nos guerres traite d'un thème d'actualité : la première guerre mondiale (rappelons que nous sommes le 11 novembre). C'est une BD pour adulte qui peut être grasse, violente et dérangeante : une très bonne image de la guerre ! Il n'y a pas d'histoire proprement dite mais une dizaine de témoignages parmi lesquels : l'enfance meurtrie durant la guerre, les cousins d'Alsace-Lorraine, l'exécution d'une femme, l'amour contrarié par la séparation, la peur qui donne la diahrrée, les contingents des colonies et cette magnifique infirmière enthousiaste qui part croyant soigner des blessés tout propres et qui se retrouve dans l'horreur des corps mutilés et souffrants.
L'esthétique est très originale. En s'apuyant sur des codes de la BD des années 1900 (cf. les planches de Daumier) les auteurs explosent les cadres et les cases. Des dessins sont remarquables comme celui qui représente un boyau de tranchée se transformant en boyau humain relié à la mort. La narration est originale : elle est parfois construite autour d'une image centrale, ce qui oblige le lecteur à fouiller la planche pour comprendre. Enfin les mises en perspective de la réalité et de l'idéal de la guerre sont touchantes.
C'est une bande dessinée brute et pas moralisatrice. Un beau regard sur la guerre et sa réalité.
Fabrice
Beloved, roman de Toni Morisson, éd. 10/18.
Il s'agit d'une histoire de mère. L'histoire se déroule aux alentours de la moitié du XIXe siècle, aux Etat-Unis. Le personnage principal est une esclave noire qui s'enfuit, enceinte. Cette femme tue sa petite fille car elle est persuadée que la mort vaut mieux qu'une vie enchaînée à des maîtres. Puis l'esclavage est aboli. Avec cette abolition, souffle un immense espoir de liberté et de justice. Comment vivre alors avec le poids de la mort de son enfant qu'on a tué par désespoir quand l'espoir renaît ? Cette femme a d'autres enfants. Comment vivre avec eux et le fantôme de leur soeur qu'elle a tuée ? Le roman pose aussi les questions de la limite jusqu'à laquelle on peut aller pour le bonheur de ses enfants. Il s'interroge aussi sur les réactions parfois incontrôlables causées par la perte d'un proche. Pour cela l'auteur emmène le lecteur vers une dimension irrationnelle sur la moitié de l'histoire. Un magnifique roman de femmes, une magnifique histoire d'amour.
Chantal
Les chevaliers d'émeraude, roman d'Anne Robillard, éd. Michel Lafon
Voici un roman d'Héroic Fantasy où entrent en jeu les pouvoirs surnaturels, la magie et les dieux. L'histoire est celle d'une armée qui lutte contre un envahisseur. Le feu dans le ciel est le premier tome de la première série qui met en scène le même personnage. Et il y a une suite... Roman conseillé aux lecteurs qui aiment l'action et l'aventure !!!
Valentin
La petite fille de Monsieur Linh, roman de Philippe Claudel, éd. Stock.
Une histoire de migrants. Un homme qui a tout perdu, jusqu'à son fils, quitte l'Asie avec sa petite fille. C'est l'histoire de la relation de ce grand-père avec sa petite-fille mais aussi celle de leurs rencontres. C'est une histoire d'êtres déracinés qui doivent se reconstruire dans un pays inconnu. Comme d'habitude chez Claudel, les lieux et le temps sont flous, ce qui les rend encore plus universels. Et la chute est inattendue.
Evelyne
Fabrice met en relation ce roman avec la bande dessinée Là où vont nos pères, qui raconte aussi une histoire de migrants dans un monde un peu nébuleux. Cette bande dessinée a la particularité de n'avoir aucun texte. Un magnifique travail d'image et de narration !
One Piece, tome 68, manga d'Eiichirō Oda, éd. Glénat.
One piece est un manga où se mélangent beaucoup d'humour avec des combats absurdes et exagérés ! Le monde est recouvert par les océans. S'affrontent alors les pirates et la marine gouvernementale. Le héros est un jeune homme qui quitte sa famille pour faire le tour du monde et devenir... le roi des pirates. Il va vivre beaucoup d'aventures racontées de manière épique mais avec un comique de répétition qui rend les personnages effrayants, ridicules et amusants.
Chloé
L'attaque des Titans, tome 1, manga d'Hajime Isayama, éd. Pika.
Un manga sans humour et court... il n'y a que 4 tomes. L'histoire se déroule il y a plus de 2000 ans quand les humains ont été décimés et dévorés par les Titans, monstrueux personnages qui mesurent entre 3 et 15 mètres de haut. Les humains survivants se cachent dans une ville emmurée. Un groupe de jeunes veulent se libérer et reconquérir la Terre, qu'ils considèrent leur revenir de droit. Ils doivent donc combattre les Titans. S'ensuit une série de scènes d'horreur mélées à l'espoir d'une victoire. Déconseillé avant le lycée.
Chloé
La fabrique des mots, roman d'Erik Orsenna, éd. Stock.
Cinquième tome d'une série consacrée à la grammaire française (La grammaire est une chanson douce, Les chevaliers du subjonctif, La révolte des accents, Et si on dansait).
Le thème est la fin des mots. Sur une île imaginaire, un dictateur trouve le peuple trop bavard, alors il supprime les mots. La révolte vient des enfants qui se battent avec les mots. Dans cette lutte contre le dictateur, Orsenna développe la relation entre l'enseignant, le maître d'école et les enfants. L'auteur est allé réellement dans les écoles et a travaillé sur les mots. Et il pose des questions aux enfants qui, à leur tour, lui en posent : Et si nous n'avions pas de mots ? Seulement douze verbes d'action ? Comment crée-t-on les mots ? Peut-on créer un mot ? Les mots que l'on invente nous appartiennent-ils ou nous échappent-ils ? Ainsi le lecteur visite une usine à mots. Bref, le mot est une arme. Notons les magnifiques illustrations de Camille Chevillon.
Françoise
Esprit d’hiver , roman de Laura Kasischke, éd. Christian Bourgois.
Les personnages de ce roman sont Eric et Holly, issus de la middle class américaine, celle qui a un peu de richesses mais pas trop et montre un peu trop qu'elle a réussi. Eric et Holly ont adopté, il y a 15 ans, une fillette, Tatiana, originaire de Sibérie et ils sont très fiers de sa bonne adaptation aux Etats-Unis. Le roman commence sur une tempête de neige très violente. Eric est allé chercher ses parents venus fêter Noël à l'aéroport. Mais il tarde et ne donne plus de nouvelles. Finalement, Eric appelle pour annoncer que sa mère est à l'hôpital. Le téléphone prend alors une place essentielle dans le roman. L'histoire vire au tête à tête entre Holly et sa fille adoptive. Holly perd littéralement les pédales entre Noël, la tempête, l'absence de son mari, sa belle-mère à l'hôpital, les amis qui décommandent, une adolescente à gérer, le gigot qui n'a pas décongelé... On glisse dans l'irrationnel : le lecteur ne sait plus ce qui est vrai ou faux, ce qui est du ressort des fantasmes ou des hallucinations d'Holly et ce qui est la réalité. L'auteur joue avec le lecteur entre le réalisme et le fantastique. L'élément naturel, la neige, est très important.
Laura Kasischke travaille à l'université de Détroit où elle fait écrire ses étudiants. Dans ses ateliers, elle fait correspondre l'écriture avec la saison et finalement ce roman est le résultat d'un exercice d'écriture.
Claire
L'enfance d'Alan, bande dessinée de Emmanuel Guibert, éd. L'Association.
Cette bande dessinée a paru après celle de la trilogie intitulée La guerre d'Alan et qui est le fruit d'entretiens entre E. Guibert et Alan Ingram Cope, un vétéran de la seconde guerre mondiale. E. Guibert avait pour projet, depuis le début de cette aventure, de publier le récit de l'enfance d'Alan, ce qu'il a fait mais après le décès de celui-ci.
La bande dessinée s'ouvre sur l'arrivée par l'autoroute dans la ville natale d'Alan, Los Angeles. Ce sont des doubles pages qui suivent les différentes heures du jour (du plein soleil du matin à la pénombre). Alan parle avec nostalgie de la ville de son enfance : l'absence de voitures et de pollution, le chant des coyotes, l'odeur des citronniers, « c'était complètement différent » dit-il. Il fait appelle à tous nos sens et c'est comme si l'on y était. Et pourtant l'histoire qui va suivre n'a rien d'idéal. Mais c'est celle de son enfance et il l'évoque avec nostalgie.
Né en 1925, Alan dresse le portrait de ses parents, et notamment de sa mère à qui il voue une affection particulière, et de ses deux couples de grands-parents. Du côté maternel, son grand-père a combattu pendant la Guerre de Sécession ; il se souvient des voyages en train de nuit avec sa mère pour lui rendre visite ; il parle également des repas de famille et de son admiration pour ses oncles. Les dessins représentant les photos de famille sont remarquables de réalisme. On y regarde à deux fois pour s'assurer que ce ne sont pas des photos. E. Guibert emploie le noir et blanc avec brio. Du côté paternel, la famille est plus simple et modeste. Alan évoque la ruine de ses grands-parents lors de la crise économique de 1929, mais aussi les sombres histoires d'argent qui gangrènent les relations familiales.
Une bande dessinée qui nous touche, qui nous plonge dans les Etats-Unis de la fin du XIXème au début du Xxème siècle. Même si cette histoire est celle d'Alan, on se retrouve à de nombreuses reprises dans les sentiments qu'elle évoque (amour filial, découverte des secrets de famille, admiration portée à certains membres de la famille, bonheur fugace de l'enfance, séparation...). C'est une histoire singulière qui a une valeur universelle.
Christelle
Fabrice remarque qu'E. Guibert est forcément un bon auteur-dessinateur puisqu'à la fin des années 1980, il a fait les premières affiches du groupe de rock Les Wampas !
Rencontre avec Sabine Deligny, auteur présente à Autour du Livre
A brûle pourpoint, Mme Deligny a accepté de monter sur scène avec nous pour présenter son travail et ses livres.
L'écrivaine explique qu'elle a commencé à écrire assez tard.
Elle nous présente ces cinq romans parus aux éditions Edilivre.
L'idée est de raconter l'histoire d'une famille du Nord de la France.
Le premier volume, Fugues et moissons, se déroule vers 1750. Le héros est un chirurgien d'origine italienne qui excerce dans la région de Valenciennes où il se marie et fonde une famille.
Le volume deux, le Chant du Pain, est consacré à un membre de cette famille qui vit la Révolution Française et les événements de 1789. Puis, l'histoire se déplace dans la région du Cateau vers 1850, quand commence le « progrès ».
Le volume trois, La Terre de Jeanne, est consacré à la première guerre mondiale, en particulier les relations entre les français du nord et les Allemands.
Le roman Les cigognes noires relate l'histoire d'un letton qui a fuit les régimes nazi et communiste. Il se retrouve d'abord vacher dans le nord de la France puis ouvrier dans une grande industrie d'armement qui périclite. Finalement, il retourne dans le secteur agricole.
Le roman De Rhodes ou la ville des roses et le Magnifique n'a rien à voir avec l'univers des quatre premiers romans. Il s'agit d'une histoire qui se déroule à Rhodes sous Soliman le Magnifique et qui met en scène les Croisés de Jérusalem. Ce roman est une fiction qui s'appuie sur un fond historique très documenté et réaliste.
Les projets de l'auteur se tournent vers une oeuvre plutôt intimiste qui traite de notre époque.